Public
EAN13
9782381910475
Éditeur
Anamosa
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Anamosa

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"Après trois décennies où l'on avait cru pouvoir s'en passer, tout indique que
nous avons plus que jamais besoin des mots du public. Face aux risques de
dévoiement d'un État qui se détourne de son cadre public, ils sont les mots-
clés de mobilisations sociales et politiques (...) et le meilleur thermomètre
de notre vie collective et de nos démocraties." A. Vauchez
Au risque d'une crise de confiance sans précédent des citoyens dans l'État
dont ils interrogent désormais la légitimité " publique ", c'est-à-dire la
capacité, voire la volonté, de se faire le relai des intérêts collectifs, et
de protéger les citoyens. L'état général d'impréparation dans lequel s'est
trouvé l'État au commencement de la pandémie aura servi ici de révélateur ;
jetant une lumière crue sur l'action des gouvernements précédents qui avaient
suivi une politique de réduction des coûts et d'efficacité gestionnaire au
risque de priver les services hospitaliers des masques et des lits d'hôpital
nécessaires. Dès lors que le gouvernement ne paraît plus agir en " pouvoir
public ", plus rien ne semble justifier l'exception étatique qui confère à
cette organisation politique un statut dérogatoire et des pouvoirs
exorbitants. C'est du reste cette tension qu'a révélé le mouvement des Gilets
jaunes, marqué tout à la fois par des attentes fortes à l'égard de l'État des
services publics (en termes de qualité et d'égalité d'accès aux hôpitaux, aux
transports publics, etc.), et une défiance inédite à l'égard de gouvernants
tenus pour responsables de l'échec de l'État à tenir ses promesses " publiques
". Cette crise de confiance ne pouvait pas tomber plus mal alors que nous
avons collectivement besoin d'un État et d'une Union européenne capables de
conduire, au nom de tous, la conversion écologique de nos sociétés et de nos
économies, et alors que nous devons faire face aux conséquences sanitaires,
mais aussi économiques et sociales profondes de la pandémie Covid. Manière de
dire, en somme, que la réflexion sur le " public " et les liens qu'il
entretient avec l'État forme aujourd'hui un préalable à toutes nos discussions
sur le changement d'orientations des politiques publiques. Les nouvelles
théories démocratiques l'oublient parfois, toutes occupées qu'elles sont à
faire apparaître de nouveaux horizons mobilisateurs - qu'il s'agisse de la
transition écologique ou des nouvelles formes de démocratie participative.
Mais, sans réfléchir à ce que l'État est devenu au fil des trois dernières
décennies, ni aux chaînes de dépendance dans lesquelles il inscrit aujourd'hui
son action, elles s'exposent au décalage en faisant comme si l'État était ce
simple " levier " disponible et mobilisable pourvu qu'on veuille bien lui
donner le sens politique voulu. Or il y a précisément lieu d'en douter. C'est
pourquoi il faut reprendre le fil du " public " et remettre sur le métier une
notion qu'on avait paresseusement abandonnée comme une vieille relique. Il
faut faire l'inventaire des glissements de terrain qui se sont produits depuis
trente ans et ont fragilisé les soubassements publics de l'État, décrire leurs
effets politiques et démocratiques, et explorer les voies possibles d'un
nouvel esprit public du gouvernement.
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