Thierry L.

https://www.librairie-sainte-hortense.fr

Conseillé par (Libraire)
20 avril 2023

Etonnante histoire que cette "famille", en fait un regroupement de plusieurs familles remontant au XVIIIe siècle, dont les règles ont fluctué au cours du temps, parfois de façon naturelle pour s'adapter à l'époque, parfois sous la pression d'un leader plus charismatique que les autres. D'obédience mi-juive mi-chrétienne, la constante, en tout cas depuis le XIXe siècle, c'est la consanguinité.

Suzanne Privat, à partir de nombreuses sources trouvées sur Internet, a effectué une enquête extrêmement fouillée et minutieuse, qui lui a permis de rencontrer plusieurs témoins directs de cette communauté à la fois secrète mais pourtant intégrée dans le monde où elle vit, qui semble bien proche d'une secte sans en présenter pourtant toutes les caractéristiques, et qui regrouperait aujourd'hui environ 3000 personnes vivant essentiellement dans le nord-est parisien et la proche banlieue.

Intrigant et inquiétant…

Edgar MORIN

Editions de l'Aube

14,00
Conseillé par (Libraire)
29 mars 2023

Par ce texte court, mais très incisif, Edgar Morin met en évidence, à partir de ce que ses 102 ans de vie sur terre lui ont enseigné, les dangereux mécanismes de radicalisation qui conduisent au pire.

L’histoire montre que, lorsqu’un conflit couve, les attitudes manichéistes qui se développent dans les deux camps conduisent, de façon souvent irréversible, à l’escalade de la violence et à la guerre.

Le conflit actuel n’échappe pas à cette règle. Edgar Morin dénonce le fait que les informations partiales et partisanes circulent aussi bien du côté de la Russie que du côté de l’Ukraine et de ses alliés. Elles contribuent à dresser les peuples les uns contre les autres en attisant des haines durables et dangereuses, car possiblement génératrices, dans le futur, de nouvelles guerres encore plus meurtrières.

Certes, ce point de vue dérange, et en dérangera plus d’un (l’auteur a notamment essuyé une critique acerbe, voire agressive de la part d’un grand quotidien français généralement plus inspiré, qui a publié un article restituant une image bêtement primaire et caricaturale de l’ouvrage.)

Pourtant, l’histoire donne, hélas, raison à ce livre courageux et réaliste, qui nous rappelle que, au-delà des passions, des différences, des oppositions, la recherche de la paix doit rester la priorité.

Conseillé par (Libraire)
25 février 2023

A travers un récit qui s’étale sur vingt ans, non chronologique mais très habilement construit, l’auteur nous narre l’histoire d’un trio, Clarisse, Franck et Simon, que le hasard a fait se rencontrer dans leurs jeunes années.

Malgré des origines différentes, des tempéraments dissemblables, des destins divergents, ils construiront, pourtant, une histoire commune jusqu’à la mort de Franck. La mort de Franck qui marque, à la fois, le point de départ et la fin du roman.

Dès les premières pages, le lecteur est rapidement emporté par les relations tourbillonnaires de ces trois êtres perdus, chacun à leur manière, dans un monde où ils ont du mal à trouver leur place, et qui, malgré les aléas de la vie, malgré des séparations plus ou moins longues, ne cesseront jamais d’être liés par de troubles amitiés amoureuses jusqu’à la fin tragique de l’un deux.

Un premier roman d’une grande maturité, d’une grande sensibilité aussi, tout au long duquel la violence de la vie cohabite avec la douceur des sentiments.

20,00
Conseillé par (Libraire)
19 février 2023

Rapprocher Sade et Fourier est une entreprise qui peut paraître surprenante. Pourtant, Simone Debout (1919-2020), n’est pas la première à la tenter quand elle publie ce texte dans la revue « Topique » en 1981.

L’analyse que nous propose la philosophe répond, en s’y opposant, au « Sade, Fourier, Loyola » de Barthes sorti dix ans plus tôt. Pour Barthes, c’est avant tout le langage, les mots, les écrits de Sade et de Fourier qui ont un caractère insurrectionnel. Simone Debout juge cette vision extrêmement réductrice, elle qui considère que Sade (« le libertin »), comme Fourier (« l’utopiste »), par la force qu’ils accordent aux passions, sont profondément ancrés dans le réel "dans le milieu impur d’où procèdent et où émergent la parole et la pensée". En s’opposant radicalement à l’ordre établi, non pas seulement par leurs écrits, mais par aussi par leurs actes, Ils sont tous deux, en totale insoumission.

Mais alors que la passion enferme progressivement « le libertin » dans une recherche exclusive de ses propres désirs par la domination de l’autre, elle est, pour « l’utopiste », au contraire, une force d’ouverture aux autres pour la construction d’un monde meilleur.

Une pensée complexe mais passionnante que les éditions Quiero nous propose, en outre, dans un splendide volume, illustré par une gravure sur bois de Renaud Eymony.

Conseillé par (Libraire)
6 décembre 2022

Ça commençait mal. Arthur fait connaissance de « La Plage » à l’occasion de l’anniversaire d ’un camarade de classe, un après-midi, à l’âge de dix ans. Sa première visite de cette boîte de nuit des bords de Loire est un fiasco : Arthur est bloqué, pétrifié. Un cauchemar...

…Qui recommence huit ans plus tard, quand il y retourne avec des amis. Arthur voudrait, mais n’ose pas. Il envie, craint et admire les leaders. Lui rase les murs, tente de se trouver une contenance, se renferme plus que jamais sur lui-même.

La troisième fois, quatre ans plus tard, sera la bonne. Arthur se lance, danse et ne va plus s’arrêter. Il devient le plus fidèle client de « La plage », et un danseur hors pair. La danse devient une drogue, une échappatoire à la solitude.

Dans un style sobre et percutant, Victor Jestin a un talent particulier pour faire ressentir au lecteur le mal-être de son personnage, qui, jeune, aspire à l’être moins, et qui, un peu plus vieux, regrette de l’être déjà.

Après « La chaleur », paru en 2019, qui se déroulait sur un temps très court, l’auteur nous dépeint au contraire l’évolution d’Arthur sur une période de près de trente ans. Avec concision. Sans aucun temps mort. Et l’on sort du livre comme on sort d’une boîte : avec les lumières et la musique encore dans la tête, avec aussi, un petit peu, la gueule de bois, tellement l’écriture de Victor Jestin est enivrante.