Thierry L.

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Roman

Héloïse d'Ormesson

19,00
Conseillé par (Libraire)
17 octobre 2021

Voyage au bout de nos pieds

N’aurions-nous pas tous un petit côté « Théophraste Sentiero » ? Ne serions-nous pas tous, un, peu, chacun à notre façon, déchirés entre le désir d’une vie régulière et anonyme, monotone mais sécurisante, et l’envie de partir on ne sait où, là où vos pas vous mènent.

Plus philosophe que romancier, Jean-Paul Delfino nous emmène, avec un talent de conteur et de poète qui n’appartient qu’à lui, sur les pas incontrôlés de son anti-héro, « trop vieux pour mourir et trop jeune pour refaire sa vie », nous invitant, comme le fait Théophraste sur les conseils d’un vieux libraire, à suivre nos pieds où ceux-là ont envie de nous mener.

Réflexion sur la contingence de l’existence humaine, teintée d’un brin de nostalgie du temps qui passe et émaillée de fulgurances érudites (savez-vous ce qu’est une « fricative vélaire » ?), cette jolie fable, dans laquelle humour et tendresse sont présents à chaque page, possède ce je ne sais quoi de magique qui fait que la littérature peut vous emmener dans un autre monde, qui est aussi notre monde.

Roman

Au Diable Vauvert

18,00
Conseillé par (Libraire)
17 octobre 2021

Une belle histoire

C’est dans son pays, les Vosges, que Jean-Paul Didierlaurent situe son dernier roman. Un pays beau et rude, sévère et silencieux. Un cadre propice à garder enfouis des secrets inavouables.

Dès les premières pages du roman, cette atmosphère oppressante est présente, emportant le lecteur malgré lui dans une histoire emprunte de mystères qui ne font qu’attiser l’envie d’en savoir plus.

Ce livre est plus sombre, plus dramatique que les précédentes publications de l’auteur. Et pourtant, l’indéfectible humour, le grain de folie propres à Jean-Paul Didierlaurent y sont toujours présents. Une procession organisée pour pallier le manque de neige… et qui conduit à un enneigement catastrophique. Un curé qui renonce alors à organiser une procession pour arrêter la neige de peur que le miracle n’ait pas lieu dans l’autre sens …

Et puis, en même temps, il y a des êtres qui aiment, il y a des êtres qui souffrent, il y a des êtres qui portent un lourd passé que le lecteur découvrira peu à peu. Il y a de la violence, il y a de la tendresse, il y a de la haine, il y a de l’amour.

Malamute est un beau roman. Peut-être le plus abouti, le plus maîtrisé que l’auteur ait écrit à ce jour.

Conseillé par (Libraire)
17 octobre 2021

Un livre étonnant... il était indispensable qu'il fût écrit.

Invraisemblable…

C’est ce qui ressort de ce livre, écrit à la manière d’un conte togolais, et qui est la réponse de Kofi Yamgnane aux dizaines de courriers anonymes reçus par l’auteur durant les mandats électoraux qu’il a exercés durant vingt ans, du début des années 1980 au début des années 2000. Invraisemblable de méchanceté, de bêtise, et aussi d’absurde lâcheté, puisque l’anonymat des expéditeurs ne permet même pas au destinataire d’engager un échange direct avec eux.

Il y a aussi un côté tragique dans ce témoignage, qui illustre bien la complexité du monde. Kofi Yamgnane, secrétaire d’état chargé de l’intégration, reçoit une lettre d’une extrême violence d’un correspondant l’accusant de trahir l’islam (p.206). Ne peut-on pas vivre des moments de désespérance quand on est insulté, y compris par ceux que l’on a l’ambition de défendre…

L’auteur nous enseigne que le conteur togolais termine toujours son récit par « Ce qui est dit est dit… ce qui n’est pas dit est dit aussi… et là où j’ai trouvé ce conte, je le remets ». Oui, Kofi Yamgnane, ce que vous avez vécu, il fallait, en effet, pour les générations futures, en rendre… compte. Ce qui n’est pas dit est dit aussi, mais c’est tout de même mieux de le dire, de l’écrire. Votre livre, bien titré car il passe, en effet, au-delà de tout sentiment de haine, était indispensable. Vous vous deviez de partager cette « outre-haine » avec vos concitoyens. C’est fait. Le compte est ainsi clôturé. Le conte peut être remis où vous l’avez trouvé.

Conseillé par (Libraire)
27 juin 2021

Trois Etages

Trois étages… comme ceux de cet immeuble banal de Tel-Aviv, où les voisins se côtoient et se croisent sans jamais vraiment se connaître.

Des voisins que l’auteur va nous apprendre à découvrir, les uns après les autres, étage après étage, au travers de leurs obsessions, leurs envies, leurs angoisses, leurs faiblesses, leurs mensonges auxquels se mêlent la tendresse et l’empathie.

Eshkol Nevo a un talent fou pour conduire un récit qui captivera toujours plus l’attention du lecteur au fur et à mesure que les pages se tournent. Son humour caustique, sa légèreté de ton qui tranche délibérément avec la profondeur des sujets qui sont explorés, font de ce roman, très original, une petite merveille.

Trois étages comme ceux de cet immeuble banal de Tel-Aviv, mais aussi… Trois étages, comme le Ça, le Moi et le Surmoi freudiens. L’auteur, disséqueur de l’âme humaine, manie son scalpel psychanalytique avec une dextérité époustouflante.

Conseillé par (Libraire)
6 juin 2021

Le titre donne le ton : « Un dimanche à Ville-d’Avray ». Très prout-prout, comme titre, ma chère, n’est-ce pas ? Rien que ce nom, « Ville-d’Avray », est déjà un roman à lui tout seul. Ce n’est pas Versailles, célébrissime ville du Roi Soleil. Ni Saint-Cloud, qui vit passer en son château rien moins que Philippe d’Orléans, Marie-Antoinette et Napoléon. Ni Sèvres, capitale de la porcelaine. Non. C’est juste à côté. Enclavée entre ses trois célèbres voisines, Ville-d’Avray respire le calme et la discrétion bourgeoise.

La vie y est traditionnelle et policée. Quoique ? En allant y passer un dimanche chez sa sœur Claire-Marie, la narratrice sera bien surprise d’apprendre, des années après les faits, que celle-ci s’encanailla, un jour, avec un mystérieux entrepreneur d’import-export, sans que son mari ne le sût jamais (ou fit semblant de l’ignorer ?)

Au fil des pages, Claire-Marie se livre à sa sœur. Par petites touches. Nous ne saurons jamais tout.

Peinture gentiment satirique d’une société qui ne fait pas de vagues mais qui n’échappe pas à la houle, ce roman, bien écrit, se déguste avec plaisir, comme on dégusterait un millefeuille sur la terrasse de la Grande Cascade.